Quand c’est la psychiatrie qui révèle le haut… par congresvirtuel
Quand la psychiatrie révèle le Haut Potentiel
La notion du Haut Potentiel chez le sujet adulte est encore bien peu abordée, et le plus souvent absente du schéma de compréhension et de décision du psychiatre qui reçoit en consultation un de ces sujets.
Ceci, pour différentes raisons :
1/On en connaît de plus en plus sur la question des enfants précoces, au travers des problèmes de scolarité qu’ils peuvent rencontrer, ou des symptômes qui peuvent les amener dans les cabinets des psys. Leur devenir à l’âge adulte reste par contre encore bien peu connu.
2/ Le Haut Potentiel n’est pas une maladie, et les psychiatres, contrairement aux psychologues qui sont formés à la question de l’intelligence, n’ont aucune formation, voire aucune idée sur le sujet…
3/ Enfin, la plupart des enfants à Haut Potentiel seront des enfants heureux, et deviendront des adultes heureux. Et ce, probablement d’autant plus que ce potentiel aura été détecté, expliqué, et accompagné pour aller dans le sens de leur épanouissement.
Par contre, une fraction non négligeable de cette population, non détectée, ou bien ne bénéficiant pas d’un entourage familial ou éducatif adéquat, risquera de se trouver en situation de sous utilisation de ce Potentiel, avec une difficulté dans la construction de leur personnalité, et dans la capacité à trouver un équilibre de vie épanouissant.
Que risque le sujet adulte à HP non détecté au cours de sa vie, en termes de symptômes psychiatrique ?
-Chez les sujets qui ont pu optimiser leur potentiel, dans le sens de la réussite professionnelle ou personnelle :
1/ Un risque anxieux avant tout.
L’anxiété semble quasi constante chez le sujet à HP, liée entre autre à un pseudo-perfectionnisme. Toute son échelle de valeurs est en effet biaisée dans la mesure où, pour le sujet à HP, la norme, c’est la perfection.
L’anxiété sociale et relationnelle sera aussi communément retrouvée, car le sujet à HP non détecté n’a souvent pas conscience de son décalage par rapport à la moyenne, et aura tendance, surtout pour les femmes, à s’accorder peu de valeur.
Ce manque d’estime de soi, associé à une hypersensibilité émotionnelle (qui semble aussi très commune), seront des facteurs favorisants de décompensations dépressives.
2/ En aval du risque anxieux, un risque dépressif :
Trop d’activités, trop de projets, une hypersensibilité émotionnelle pouvant compliquer les rapports sociaux, des troubles du sommeil par incapacité à mettre sa tête au repos, et c’est le syndrome d’épuisement classique, qui est une dépression qui se manifeste notamment par une incapacité brutale à penser.
Comme le sujet à HP présente un idéal du Moi très élevé (voire en plus un Surmoi très rigide…), et une fâcheuse tendance à vouloir dépasser ses limites, ce tableau dépressif pourra être subit, et surtout très mal toléré sur le plan narcissique, avec des risques de mise en danger important.
–Les sujets qui n’ont pas pu utiliser leur potentiel dans le sens de la réussite sont plus difficiles à détecter en consultation psychiatrique, alors même qu’ils sont souvent en grande souffrance du fait de la sous-utilisation de leur intelligence.
Indéniablement, Haut Potentiel rime avec excès. Excès de sensations, excès de stimulations, excès de pensées, excès de sentiments, mais surtout excès d’énergie.
Ces personnalités sont excessives, avec toutes un style différent, conditionné par le tempérament, qui est une donnée innée, et canalisées par ce qui aura été proposé par l’environnement.
Si l’environnement a été ouvert, curieux, tolérant et stimulant, mais aussi cadrant, l’énergie est canalisée sur une multitude de rails…
Dans le cas contraire, l’excès d’énergie reste « coincé » à l’intérieur du sujet, et se retourne contre la personne. Ce qui produit une inhibition en surface, et la création de voies de sortie pathologiques de l’énergie en excès, au travers de symptômes, et ce d’autant plus que le milieu familial aura été pathogène ou non sécurisant.
On retrouve là en premier lieu des symptômes anxieux et pseudo-obsessionnels, avec une dispersion de la pensée, des raisonnements obsédants, voire de vraies obsessions idéatives (la pensée classiquement décrite chez le sujet à HP comme arborescente perd –ou bien n’a jamais développé- son système de priorités et de tâches subalternes, et devient confuse et « douloureuse »).
On trouve aussi un risque addictif, soit à des produits (cannabis et alcool préférentiellement), mais aussi des addictions comportementales comme des Troubles du Comportement Alimentaire, l’addiction à internet, ou tout simplement une addiction à la rêverie qui est en fait vivre sa vie en rêve, sans obstacles ni contraintes… Ces addictions ont pour fonction de permettre au sujet de se « vider la tête » face à une pensée qu’il n’arrive pas à canaliser et utiliser correctement.
Lorsqu’un adulte ou un adolescent de ce type arrive dans le cabinet d’un psychiatre, le psychiatre ne voit que la surface, l’inhibition ou les symptômes, et seule une attention particulière permettra de suspecter le HP caché. D’où un sacré risque de passer à côté d’une donnée centrale de la problématique, et de ne proposer qu’une prise en charge partiellement efficace.
Alors, comment rendre la vie plus belle aux sujets à Hauts Potentiels adolescents et adultes ?
Le déroulement est en fait le même que pour l’enfant précoce qui rencontre un psychologue, et s’organise autour de trois étapes :
1/Tout d’abord, il faut savoir reconnaître le Potentiel
Puis il faut transmettre au patient cette idée, et lui dire que cette hypothèse sera prise en compte dans la prise en charge, ce qui nécessite un peu d’assurance et de persévérance face à des patients parfois incrédules ou sceptiques, jusqu’à ce qu’ils arrivent à se l’approprier.
Reconnaître le Haut Potentiel, veut dire aussi faire une relecture du parcours du sujet, et déterminer en quoi ce potentiel a pu être un plus ou un frein dans la réalisation de son épanouissement.
Et cela veut enfin dire les encourager à assumer cette différence.
2/ La deuxième étape est de leur expliquer comment ils fonctionnent. Comment canaliser leur intelligence et leur énergie pour sortir de l’inhibition, des obsessions, comment arriver à se vider la tête pour retrouver le sommeil.
Comment aussi retrouver un plaisir à utiliser son intelligence, là où penser est souvent devenu une contrainte, voire une torture.
Une approche en thérapie corporelle associée (relaxation, psychomotricité) sera souvent conseillée.
3/La dernière étape sera de les remotiver, autour de la reprise d’études, de projets professionnels, autour d’un projet artistique ou créatif.
Toutes les idées, leurs idées sont bonnes à prendre, car on sait bien qu’un sujet à Haut Potentiel motivé aura les moyens de réussir ce qu’il entreprend.
Alors bien sûr il y a aussi le reste du travail psychiatrique et psychothérapique, en gardant à l’esprit que ce travail ne pourra produire de bons résultats chez le sujet HP que dans un cadre particulièrement interactif et explicite.
Dr Perrine Vandamme, mai 2011
vidéo et texte original intégrés sur le site avec l’aimable autorisation du Dr Perrine Vandamme,
tirée de http://www.congres-virtuels.com/.
En lisant ces quelques phrases, j’ai l’impression que vous parlez de mon fils, tellement il y a de similitudes…
C’est lui qui m’a demandé de consulter votre site.
Je pense que sa vie est très difficile et qu il n’est pas heureux .Ce constat m’inquiète tellement.Je voudrais pouvoir vous en parler et surtout que vous puissiez l’aider.Il a 22 ans et ne sais pas ou il va…
Merci de votre réponse.
Il peut aller échanger sur le forum de discussions adulte-surdoue.fr.
Les membres, s’ils ne sont pas psys et n’ont pas toutes les réponses, se feront un plaisir de l’aider dans ses questionnements. Le forum est également ouvert aux personnes de l’entourage qui se posent des questions pour leur proche.
Bon courage à vous.
merci!
bonjour.
Je viens seulement de survoler le site mais n’ai pu m’empecher de laisser le commentaire qui va suivre. C’est ma mère qui m’a conseilllé ce site. Je suis un peu le cas extrème décrit par le docteur vandamme. Détecté surdoué par un instituteur de CM2 auquel j’expliquai la structure chimique du dichlorodiphényltrichloréthane, j’ai été obligé par mon père d’être “comme tout le monde” et même souvent interdit de lecture ou autres mesures destinées à me rendre “comme tout le monde”. s’en est suivi une quinzaine d’années de mises en danger comme décrites ci dessus (addictions, sports vraiment extrèmes, virées à moto au bout du monde). En 2003 je décide de ne pas finir des études de médecine et de partir vivre au népal car je devenais incapable de communiquer dans cette société. Cette décision m’a valu le début d’un parcours psychiatrique de dix années complètement invraisemblable. J’ai été tour à tour classé schizophrène, bipolaire, paranoiaque et ai du ingurgiter des quantités astronomiques de neuroleptiques. En même temps j’arrivais quand même a boucler mon cursus et à commencer mon boulot de généraliste. Et puis l’année dernière j’en suis arrivé a la phase décrite ci dessus c’est à dire un état dépressif tel que je ne pourrais même pas décrire. Et j’ai enfin eu la chance de tomber sur des confrères plus consciencieux que la norme et plus curieux que d’usage. Du coup batterie de tests. Du coup on en revient au CM2. Je suis surdoué (en fait ils ne savent pas trop quels termes utiliser, j’ai aussi le “problème” d’une mémoire qui dépasse les statistiques même extrèmes).
Je reviens de très loin et n’arrive pas encore à réaliser que désormais je vais avoir le droit de lire, de penser mécanique des fluides quand je vois un nuage, de penser physique quantique quand on me demande l’heure. A priori je vais aussi apprendre a “communiquer”. a penser physique ou sociologie mais à dire nuage ou “mince les impots augmentent”. Il m’a même été proposé un traitement un peu particulier (le pharmacien s’est arraché les cheveux). Qui pour l’instant semblerait pouvoir aider.
Et comme décrit ci dessus, je refais des projets dans une vie ou j’aurai le droit de vivre avec ces excès de stimulis de processus cognitifs, sans les nier mais juste en les cachant suffisament pour ne pas m’exposer.
Ce qu’ironiquement je ne fais pas dans ce commentaire, allons bon, comme m’a dit le chef de service, j’aurai de temps a autre le droit d’être sur mars.
Merci pour ce site que maintenant je vais consulter comme un sujet HP peux le faire.
Merci pour cet article et la vidéo.
Existe-t-il une liste de psychiatres formés pour assurer le suivi ponctuel d’un adulte à haut potentiel ? Cette information m’intéresse, en particulier pour le département de la Sarthe.
Je suis convaincu de l’importance de prendre en considération le nouage particulier pour ce type d’adulte entre des éléments de son vécu (enfance, adolescence, entrée dans la vie adulte) et des particularités dues à son haut potentiel. La déclinaison de sa problématique doit pouvoir lui être restituée de manière à cerner sa subjectivité avec ses hauteurs et les entraves qui ont été les siennes. Cette connaissance de soi est un enjeu capital pour parvenir à avancer.
Assez rassurant merci.
J’ai l’impression, pour la première fois, ce soir, de ne pas être quelqu’un d’un autre monde.
Je compte bien évidemment décortiquer ce site. Et mettre le nez de mon psychiatre dans l’écran. Pas devant, non. Dedans.
Cependant, j’ai un appel à faire : quelqu’un parmi vous connaît-il un lieu, en région parisienne, de “dépistage” de personnes à haut potentiel ?
Merci.